3 Juillet 2006

VIRTIS éclaire l’atmosphère de Vénus

Le spectro-imageur infrarouge VIRTIS embarqué sur la sonde Venus Express a détecté pour la première fois sur Vénus le radical hydroxyle, une molécule au centre de nombreuses réactions chimiques. La découverte est riche d’enseignements sur l’atmosphère de la planète.
19 mai 2008

L’atmosphère de Vénus au peigne fin

C’est une équipe internationale dirigée par des chercheurs de l’Institut d’Astrophysique Spatiale de Rome et de l’Observatoire de Paris qui a fait cette découverte, publiée jeudi 15 mai dans la revue Astronomy & Astrophysics 1.
Pour la première fois, le radical hydroxyle (OH), molécule hautement réactive, a été détectée sur une planète autre que la Terre. A l’origine de cette découverte, l‘instrument VIRTIS embarqué sur la sonde Venus Express.
Lancée en 2005, cette première sonde de l’ESA lancée vers Vénus est dévolue à l'observation globale de la planète sœur de la Terre (ionosphère, haute atmosphère, basse atmosphère, surface). La mission doit se prolonger jusqu’en mai 2009. Le CNES a participé à la fourniture du spectro-imageur visible et infrarouge VIRTIS ² qui a fourni ces résultats.

Cet instrument est capable de construire des images et d’établir le spectre de la lumière enregistrée par chaque pixel qui les constitue. En pratique, il analyse les différentes couches de l'atmosphère ainsi que les nuages, mesure les températures de surface, et étudie aussi les interactions entre la surface et l’atmosphère. Un instrument analogue est installé sur la sonde Rosetta, actuellement en route vers la comète Churyumov-Gerasimenko qu’elle rencontrera en 2014.

La première mesure directe

Située dans la haute atmosphère de Vénus, à une centaine de km d’altitude, la couche contenant le radical OH est semble-t-il très fine, guère plus de 10 km d’épaisseur. Elle a été observée au limbe de la planète, la sonde se trouvant à grande distance de la planète et visant la fine couche d’atmosphère illuminée par le Soleil et émergeant du disque planétaire (voir photo).

Cette découverte est cruciale pour la compréhension des phénomènes chimique à l’oeuvre dans la haute atmosphère de Vénus, car ce composé ne se forme que dans des conditions physiques précises et en présence de certaines molécules.



Les nuages de Vénus et la région où a été détecté le radical OH (rectangle).
« Il s’agit de l’information la plus directe sur l’existence et l’abondance de plusieurs composants-clé de l’atmosphère supérieure de Vénus, comme l’hydrogène, l’ozone (O3), mais aussi certainement le pérhydroxyle (HO2), qui ne sont pas directement observables avec les moyens actuellement disponibles » explique l’astronome Pierre Drossart, directeur adjoint du Laboratoire d'études spatiales et d'instrumentation en astrophysique (LESIA) et co-responsable de VIRTIS.
Très peu de composés atmosphériques sont en effet détectables par spectrométrie, ce qui rend précieuse toute nouvelle observation.

Cette découverte fournit aussi quelques éléments de réponse à une question fondamentale : pourquoi, malgré leurs ressemblances de taille et de composition, Vénus est-elle aussi différente de la Terre?


1First detection of hydroxyl in the atmosphere of Venus, by G. Piccioni, P. Drossart, L. Zasova, A. Migliorini, J-C Gérard, F.P. Mills, A. Shakun, A. Garcia Munoz, N. Ignatiev, D. Grassi, V. Cottini, F.W. Taylor, S. Erard, and the VIRTIS-Venus Express Technical Team. Astronomy & Astrophysics Letters, 2008, volume 483-3, pp. L29.
2 VIRTIS : Visible and InfraRed Thermal Imaging Spectrometer

Voir aussi

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