7 Mai 2009

Jean-François Clervoy : voler vers Hubble

D'ici quelques jours, la navette spatiale Atlantis décollera de Cap Canaveral pour rejoindre le télescope spatial Hubble. Une mission historique puisqu'il s'agira du dernier vol à destination du célèbre télescope conçu par l'ESA et la NASA. L'astronaute français de l'ESA, Jean-François Clervoy, est notre guide dans les coulisses de cette mission hors du commun.
7 mai 2009

Une mission de haut vol

Le 11 mai prochain, les 7 astronautes formant l'équipage de la mission STS-125 s'envoleront à bord de la navette Atlantis.

Leur destination : le télescope spatial Hubble, à 569 km d'altitude.

Leur mission : redonner tout son potentiel au plus célèbre des observatoires spatiaux en réparant 2 de ses instruments.

Un défi technologique que le spationaute français Jean-François Clervoy a aidé à préparer entant que vétéran d'une précédente mission de maintenance, en décembre 1999.

Jean-François Clervoy : sa mission vers Hubble en décembre 1999

En décembre 1999, l'atronaute français de l'ESA s'envole vers le télescope spatial pour remplacer des gyroscopes et des senseurs de guidage précis qui étaient devenus défectueux.

« Les missions à destination d'Hubble se déroulent à une altitude près de 2 fois supérieure à la moyenne des vols habités. Les seuls hommes à être allés plus haut sont ceux qui partaient pour la Lune! » s'enthousiasme Jean-François Clervoy.

« De là-haut, on jouit d'une vue vraiment fantastique sur la Terre. J'ai pu embrasser d'un seul regard les Etats-Unis d'une côte à l'autre » se souvient le spationaute français.

Mais sur ce type de mission, les astronautes ont en réalité très peu de temps pour admirer le paysage. « Ces missions sont rares et leur programme est très chargé.

Un astronaute dans un magasin de porcelaine

Pour la prochaine, ce sont pas moins de 32 h de sorties dans l'espace qui sont prévues. Et il y a tant de choses à faire qu'il faut à la fois se dépêcher sans pour autant faire de gestes brusques. »

Car l'obsession des astronautes à l'approche d'un tel bijou de technologie, c'est de ne surtout pas l'abîmer. « C'est un objet délicat dont les capteurs sont très sensibles. »

Le moindre faux mouvement peut en effet aveugler définitivement les senseurs stellaires d'Hubble
, et rendre impossible les pointages très précis qui sont le secret de ses extraordinaires images.

Une discipline récompensée au final par une immense satisfaction, celle de remettre en état une des plus fantastiques machines à explorer l'Univers qui ait jamais existé.

« Au-delà de la tension qu'elles suscitent, les missions de maintenance d'Hubble offrent aussi de grands moments d'émotion.

Lors de la phase d'approche qui précède le rendez-vous, Hubble n'est qu'un petit point lumineux qui grossit peu à peu pour se révéler dans toute sa splendeur.

Et pendant la période où il est sous notre responsabilité, c'est un peu notre bébé : sa survie dépend entièrement de nous. »

Des émotions qui seront encore décuplées lors de STS-125, puisqu'il s'agira de la dernière mission de maintenance d'Hubble avant l'entrée en service de son successeur, le télescope James Webb.

« Les missions de maintenance de Hubble nous ont appris que dans l'espace, l'homme restait irremplaçable lorsqu'il s'agit d'effectuer des tâches complexes nécessitant des prises de décision rapides et une adaptation continue aux imprévus.

Et en même temps, Hubble sait pointer des régions du ciel avec une précision que jamais aucun homme n'atteindra. En mettant ainsi en relief la nécessaire complémentarité entre l'homme et le robot dans l'espace, Hubble nous a montré le chemin de l'avenir » conclut Jean-François Clervoy.

Voir aussi