12 Octobre 2010

La surveillance des récifs coralliens

En observant les données récoltées sur le terrain et depuis l'espace, le constat est sans appel : le réchauffement et l'acidification des océans menacent la survie des coraux. Chaque année, les récifs perdent un peu plus de terrain… et de couleurs.

L’océan s’acidifie…

Coups de chaud à répétition, acidité trop forte, courants violents… et les récifs coralliens perdent leurs couleurs chatoyantes, ils tombent malades.

« Le corail vit en symbiose avec un certains nombre de micro-algues. C’est un organisme très fragile, sensible aux moindres variations de son milieu, assure Eric Thouvenot, responsable des programmes d'océanographie spatiale au CNES. La combinaison des données spatiales et de terrain montre clairement que les changements induits sur l’océan par les activités humaines ont un impact très négatif sur les coraux et sur tous les organismes marins. »

En effet, depuis l’ère industrielle, l’atmosphère s’est chargée en gaz carbonique.

Et 30 % de ce CO2 a été absorbé par l’océan, augmentant son acidité. Or, lorsque l’eau est trop acide, les coraux deviennent incapables de fabriquer leur squelette calcaire.

« Les satellites mettent en évidence cette acidification lente mais régulière de l’océan. Ils ne mesurent pas directement l’acidité, mais certaines de ses conséquences indirectes telles que les variations de la quantité de chlorophylle produite par le phytoplancton », explique Eric Thouvenot.

… et se réchauffe progressivement

Côté température, même constat. Le réchauffement progressif du climat et des océans expose les coraux à des pics de chaleur à répétition.

Un stress que les micro-organismes qui peuplent et colorent les coraux ne supportent pas.

Ils délaissent alors leur habitat et le corail blanchit.

« Certains satellites altimétriques, comme Jason, ont montré que le niveau de la mer augmentait de 3,5 mm par an. Et on sait que 50 % de cette élévation est liée au réchauffement et à la dilation de l’océan », résume Eric Thouvenot.

« Certains jours, la température de l’océan dépasse des seuils critique pour le corail, ça le stresse, le rend malade et parfois le tue. C’est comme pour nous : quand il fait 40°C, on a très très chaud, ça peut être dangereux et parfois faire des victimes », illustre Eric Thouvenot.

Le constat est net : les récifs coralliens sont menacés. Et avec eux, les îles qu’ils protègent de l’érosion et les nombreux micro-organismes qu’ils hébergent. Les modèles les plus pessimistes envisagent même une disparition du corail d’ici la fin du siècle.

« L’océan s’essouffle, il est menacé de désertification faute d’une adaptation suffisamment rapide des organismes face au réchauffement climatique, constate Eric Thouvenot. On espère que la disparition du corail soit un signal d’alarme qui nous fasse réagir à temps. »

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