23 Septembre 2003

COMMUNIQUE DE PRESSE

Toulouse, le 23 septembre 2003, Les conséquences de la sécheresse vues de l'espace

Les déficits pluviométriques enregistrés dès le printemps se sont aggravés avec la canicule de l'été 2003. La carte des précipitations pour la période couvrant les mois de février à juillet montre une France coupée en deux dans le sens sud-ouest nord-est, avec un déficit plus marqué dans l'est du pays, surtout dans le sud-est et la Corse, à l'exception du Languedoc-Roussillon (source bulletin de situation hydrologique du Réseau National des Données de l’eau).

La sécheresse affecte l'état des végétaux et se traduit par un ralentissement de l'activité photosynthétique de la végétation entraînant une diminution de la production, notamment pour les cultures et les fourrages. Elle touche également les forêts qui, affaiblies et fragilisées, sont plus vulnérables aux maladies et aux attaques d’insectes. Autre conséquence de la canicule, la récolte précoce des cultures arrivées à maturité beaucoup plus tôt que d’habitude. Par ailleurs, certains types de végétation ne résistent pas aux conditions extrêmes avec des températures avoisinant les 40°C. Le stress hydrique favorise enfin les incendies de forêt, particulièrement ravageurs avec les conditions climatiques exceptionnelles de l'été 2003.

L'observation de la Terre depuis l'espace permet de suivre ces phénomènes en temps presque réel. Dédié à l’observation de la couverture végétale, l'instrument Végétation-2 à bord de SPOT 5 surveille quotidiennement l'ensemble des terres émergées du globe à la résolution kilométrique. Permettant d'apprécier quantitativement le fonctionnement de la végétation, il permet de suivre le comportement au cours des saisons et de détecter les différences entre les années. En raison de la couverture nuageuse, il est nécessaire de réaliser une synthèse des images acquises pendant la période considérée. Les signaux enregistrés par le capteur sont transformés en indice de végétation qui traduit l’état de vigueur de la végétation. Ainsi, les images acquises durant les mois de juin, juillet et août 2003, mettent en évidence sans ambiguïté une aggravation progressive des conséquences de la sécheresse sur la végétation par rapport aux mêmes mois de l’année 2002.

L’évolution est liée à plusieurs facteurs, comme l’effet du stress hydrique sur les cultures et les prairies, le jaunissement ou la chute des feuilles pour les forêts, la récolte des cultures plus précoce en 2003, ou les incendies. Il faut également tenir compte du fait que l’année 2002 a été particulièrement pluvieuse pendant l’été, ce qui peut amplifier la perte relative de vigueur en 2003.

Dans les teintes bleues, (image disponible sur le site : ftp://spike.cnes.fr/pub/jeanjean/secheresse), la végétation ne montre pas de différence significative avec l'année dernière, elle apparaît même plus active dans certaines régions comme Poitou-Charentes et Aquitaine pour le mois de juin (bleu foncé et violet). Les couleurs allant du vert au rouge traduisent le degré croissant de l'impact de la sécheresse sur la végétation : le rouge correspond aux zones les plus touchées par la sécheresse, c'est-à-dire celles dont la vigueur de la végétation a le plus baissé par rapport à l'année 2002.

Les premiers signes de la sécheresse apparaissent dès le mois de juin en Midi-Pyrénées et dans le Massif Central. Au mois de juillet, les effets de la sécheresse se font plus sentir du sud-ouest au nord-est. L'Est de la France, la Bretagne, le Nord de l'Italie et la côte Nord de l'Espagne commencent à être touchés, mais dans une moindre mesure. Au mois d'août, la situation s'aggrave nettement dans l'ensemble des régions précédemment touchées. Seules les régions du Nord, du bassin de la Loire, et du Sud (Languedoc-Roussillon) semblent épargnées. On observe que les villes ne présentent pas de variation entre 2002 et 2003, compte tenu de leur très faible couverture végétale. L'image pour le mois d'août montre clairement les zones dévastées par les incendies du Var et de Corse (en rouge).

Les données fournies par l’instrument Végétation constituent une source d’information précieuse pour évaluer les dégâts liés à la sécheresse, en particulier sur la diminution des rendements agricoles et la production fourragère. Des travaux complémentaires de recherche et développement restent cependant nécessaires pour aboutir à des estimations régionales des pertes de production permettant des prises de décision opérationnelles. Menées en coopération avec l’INRA, ces travaux s’orientent vers une prise en compte des différents types d’occupation du sol pour estimer de manière plus fine les effets de la sécheresse pour chaque type de culture et de végétation naturelle. Selon l’INRA, les premières tentatives de quantification des pertes de production liées à la sécheresse montrent que dans certaines régions, ces pertes peuvent aller jusqu’à 50%.

Au niveau européen, les données Végétation sont utilisées dans le programme MARS (suivi de l’agriculture par télédétection) du Centre Commun de Recherche de la Commission Européenne qui a déjà mis en place un service de suivi opérationnel de prévision de récoltes à partir de modèles agro-météorologiques et données satellitaires. L’ensemble de ces travaux s’inscrit dans la préparation des services GMES (suivi global de l’environnement et de la sécurité) mis en œuvre par l’Agence spatiale européenne et la Commission Européenne, et auxquels le CNES est étroitement associé.

Rappelons que Végétation-2 est un instrument européen développé en coopération par le CNES, l'agence spatiale italienne, les Services Fédéraux des Affaires Scientifiques, Techniques et Culturelles de Belgique, l'agence spatiale suédoise et la Commission Européenne. Les images acquises sont traitées par le VITO en Belgique, et distribuées par Spot Image. Les résultats présentés ici sont issus des traitements réalisés sur les chaînes expérimentales de la Division Qualité et Traitement de l'Imagerie Spatiale (QTIS) du CNES.

Contact presse

Eliane Moreaux
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